Manèges - Les espaces de mise à l'écart : cloisonnements du monde ?
cycle de débat > mai-juin 2011
Pour le premier cycle de 2011, La Maréchalerie propose de réfléchir aux cloisonnements qui régissent le monde. Il sera question de la fragmentation de l’espace en enclaves, qu’elles soient déterminés par l’urgence et la gestion d’ « indésirables », ou des regroupements de semblables au sein de résidences, ou encore par des dispositifs frontaliers de surveillance. Camps, ghettos, pays fermés. Comment se construisent ces enclaves dans l’espace ? Que produisent-elles matériellement, socialement et symboliquement ? Comment se déplacer lorsque l’on est bloqué ? Comment ces enclaves sont-elles reliées au reste du tissu de la société ? Quels imaginaires génèrent-elles ? Comment l’individu peut-il trouver et exprimer des formes de résistance ? --- DEBAT I > jeudi 12 mai, 19hESPACES D'URGENCE : LA FABRICATION D'INDESIRABLES La réponse aux catastrophes naturelles, à l’assistance aux victimes de guerre, à la « gestion des flux migratoires », c’est le camp. « Des mondes hybrides et incertains naissent là dans 1000 camps et des centaines de centres de tri ou de soin aux frontières, des campements, “jungles” ou ghettos, des refuges aux marges ». Au ban du monde, ces lieux émergent de l’urgence. Le provisoire se pérennise, pose les fondations d'une ville qui se développe en dehors d’une organisation préétablie. Rejouant ou déplaçant les logiques de ségrégation, le dispositif du camp interroge la ville, la personne, l’autorité. Comment les camps conditionnent-ils des catégories de personnes indésirables – demandeurs d'asiles, réfugiés, déplacés, clandestins – ? Quelle conception de l'humain façonnent-ils ? De quels imaginaires l’habitat de ces lieux porte-t-il l'empreinte ? Comment construire avec les moyens d’une économie fragile ? Qui dispose et dirige la vie des personnes vivant dans ces espaces ? Comment se forment des brèches où s’éprouve une forme de liberté ? Michel Agier, anthropologue (EHESS) Il a notamment publié Gérer les indésirables, des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008) ; Le couloir des exilés - Etre étranger dans un monde commun (Editions du Croquant, 2011). Jean-Christophe Grosso, architecte (Noria-Project) Il a réalisé plusieurs ouvrages métalliques - passerelles et ponts - en Haïti, République du Congo, au Bénin et au Maroc. Yanick Lahens, écrivain Elle a écrit Dans la maison du père (Le Serpent à plumes, 2000) ; La Couleur de l’aube (Sabine Wespieser éditeur, 2008) ; L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990) ; Failles (Sabine Wespieser éditeur, 2010). Modératrice : Catherine Pierre, journaliste Rédactrice en chef adjointe de la revue AMC – Le Moniteur architecture. Elle collabore à des ouvrages sur l’architecture, l’art contemporain et le paysage. WORKSHOP SAFEBOX Exposition des travaux des étudiants de 2ème année, énsa-V/Urbana --- DEBAT II > jeudi 19 mai, 19hENTRE L'ESPACE COMMUN ET LA FABRICATION DE L'ENTRE-SOI De cité idéale – dans l’esprit de leurs concepteurs, urbanistes et architectes – les grands ensembles des quartiers populaires sont progressivement devenus des espaces de marginalisation sociale. Avec les programmes de rénovation urbaine et la démolition partielle de ces ensembles, c’est l'effacement d'un pan de l’histoire de l’architecture ainsi que la disparition d’une mémoire intime et collective, et la perte de liens sociaux qui se dessinent. Parallèlement à ce mouvement, une des réponses apportées est la résidentialisation. Des espaces et des ensembles immobiliers émergent où l’on se retrouve entre-soi. Comment ces nouvelles zones urbaines peuvent-elles s'accommoder du besoin de vivre ensemble ? Quelles sont les interprétations, les variantes et les logiques qui sous-tendent le fait de créer des "résidences" au sein d'espaces jadis "libres" ? Comment se réapproprier l’espace public ? Comment inventer et construire des espaces qui recréent du commun et dépasser l’entre-soi ? Jean-Christophe Bardot, photographe (collectif le bar Floréal.photographie) Il a réalisé Ici, le jour et la nuit, installation visuelle et sonore, Institut Marcel Rivière de La Verrière (2009) ; publié Monmousseau, 2 automnes et 3 étés avec Eric Facon (le bar Floréal, 2010). François Daune, architecte (Campement urbain) Campement Urbain a notamment réalisé les projets Je et nous à Sevran ; Mairie Monde (2007),Antecâmaras do espaço público, Tiradentes, Sao Paolo, Brésil (2009/10). Barbara Morovich, anthropologue (ENSAV) Elle a publié « Images de Hautepierre (Strasbourg) : culture visuelle et grands ensembles », Lieux Communs n°11, Cultures visuelles de l’urbain contemporain (ENSA Nantes, 2008). Elle dirige actuellement un collection d'ouvrages sur la banlieue (collectif Horizome). Modérateur : Gilles Teissonnières, ethnologue (ENSAV / CNRS) Il a publié Ethnologie des sans-logis – Étude d’une forme de domination sociale (ouvrage collectif, L’Harmattan, 2003) ; À la croisée des chemins – Enquêtes d’ethnologie urbaine (avec Daniel Terrolle, Éditions du Croquant, sept. 2011). --- DEBAT III > jeudi 9 juin, 19hESPACES D'OCCUPATION : MUR, PERTE ET ALIENATION Projection du film MUR de Simone Bitton suivie d'un débat en présence de Vincent Jacques et Florian Hertweck. Le film MUR est une méditation cinématographique personnelle sur le conflit israélo-palestinien, proposée par une réalisatrice qui brouille les pistes de la haine en affirmant sa double culture juive et arabe. Dans une approche documentaire originale, le film longe le tracé de séparation qui éventre l’un des paysages les plus chargés d’histoire du monde, emprisonnant les uns et enfermant les autres. Sur le chantier aberrant du mur, les mots du quotidien et les chants du sacré, en hébreu et en arabe, résistent aux discours de la guerre et se fraient un chemin dans le fracas des foreuses et des bulldozers. Toute la beauté de cette terre et l’humanité de ses habitants sont offertes au spectateur comme un dernier cadeau, juste avant de disparaître derrière le Mur. Voir un extrait du film sur le site de Simone Bitton
Florian Hertweck, architecte (ENSAV) Ses recherches portent sur le rapport soutenable entre architecture, infrastructure et l'aménagement du territoire. Il a écrit Der Berliner Architekturstreit qui historicise le débat sur la reconstruction de Berlin. Vincent Jacques, philosophe (ENSAV) Ses domaines de recherche sont l'esthétique et la philosophique politique. Il s'intéresse plus particulièrement à Gilles Deleuze à propos duquel il publiera une introduction chez Ellipses (parution prévue à la rentrée 2011).
Pour le premier cycle de 2011, La Maréchalerie propose de réfléchir aux cloisonnements qui régissent le monde. Il sera question de la fragmentation de l’espace en enclaves, qu’elles soient déterminés par l’urgence et la gestion d’ « indésirables », ou des regroupements de semblables au sein de résidences, ou encore par des dispositifs frontaliers de surveillance. Camps, ghettos, pays fermés. Comment se construisent ces enclaves dans l’espace ? Que produisent-elles matériellement, socialement et symboliquement ? Comment se déplacer lorsque l’on est bloqué ? Comment ces enclaves sont-elles reliées au reste du tissu de la société ? Quels imaginaires génèrent-elles ? Comment l’individu peut-il trouver et exprimer des formes de résistance ? --- DEBAT I > jeudi 12 mai, 19hESPACES D'URGENCE : LA FABRICATION D'INDESIRABLES La réponse aux catastrophes naturelles, à l’assistance aux victimes de guerre, à la « gestion des flux migratoires », c’est le camp. « Des mondes hybrides et incertains naissent là dans 1000 camps et des centaines de centres de tri ou de soin aux frontières, des campements, “jungles” ou ghettos, des refuges aux marges ». Au ban du monde, ces lieux émergent de l’urgence. Le provisoire se pérennise, pose les fondations d'une ville qui se développe en dehors d’une organisation préétablie. Rejouant ou déplaçant les logiques de ségrégation, le dispositif du camp interroge la ville, la personne, l’autorité. Comment les camps conditionnent-ils des catégories de personnes indésirables – demandeurs d'asiles, réfugiés, déplacés, clandestins – ? Quelle conception de l'humain façonnent-ils ? De quels imaginaires l’habitat de ces lieux porte-t-il l'empreinte ? Comment construire avec les moyens d’une économie fragile ? Qui dispose et dirige la vie des personnes vivant dans ces espaces ? Comment se forment des brèches où s’éprouve une forme de liberté ? Michel Agier, anthropologue (EHESS) Il a notamment publié Gérer les indésirables, des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008) ; Le couloir des exilés - Etre étranger dans un monde commun (Editions du Croquant, 2011). Jean-Christophe Grosso, architecte (Noria-Project) Il a réalisé plusieurs ouvrages métalliques - passerelles et ponts - en Haïti, République du Congo, au Bénin et au Maroc. Yanick Lahens, écrivain Elle a écrit Dans la maison du père (Le Serpent à plumes, 2000) ; La Couleur de l’aube (Sabine Wespieser éditeur, 2008) ; L’Exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (Deschamps, 1990) ; Failles (Sabine Wespieser éditeur, 2010). Modératrice : Catherine Pierre, journaliste Rédactrice en chef adjointe de la revue AMC – Le Moniteur architecture. Elle collabore à des ouvrages sur l’architecture, l’art contemporain et le paysage. WORKSHOP SAFEBOX Exposition des travaux des étudiants de 2ème année, énsa-V/Urbana --- DEBAT II > jeudi 19 mai, 19hENTRE L'ESPACE COMMUN ET LA FABRICATION DE L'ENTRE-SOI De cité idéale – dans l’esprit de leurs concepteurs, urbanistes et architectes – les grands ensembles des quartiers populaires sont progressivement devenus des espaces de marginalisation sociale. Avec les programmes de rénovation urbaine et la démolition partielle de ces ensembles, c’est l'effacement d'un pan de l’histoire de l’architecture ainsi que la disparition d’une mémoire intime et collective, et la perte de liens sociaux qui se dessinent. Parallèlement à ce mouvement, une des réponses apportées est la résidentialisation. Des espaces et des ensembles immobiliers émergent où l’on se retrouve entre-soi. Comment ces nouvelles zones urbaines peuvent-elles s'accommoder du besoin de vivre ensemble ? Quelles sont les interprétations, les variantes et les logiques qui sous-tendent le fait de créer des "résidences" au sein d'espaces jadis "libres" ? Comment se réapproprier l’espace public ? Comment inventer et construire des espaces qui recréent du commun et dépasser l’entre-soi ? Jean-Christophe Bardot, photographe (collectif le bar Floréal.photographie) Il a réalisé Ici, le jour et la nuit, installation visuelle et sonore, Institut Marcel Rivière de La Verrière (2009) ; publié Monmousseau, 2 automnes et 3 étés avec Eric Facon (le bar Floréal, 2010). François Daune, architecte (Campement urbain) Campement Urbain a notamment réalisé les projets Je et nous à Sevran ; Mairie Monde (2007),Antecâmaras do espaço público, Tiradentes, Sao Paolo, Brésil (2009/10). Barbara Morovich, anthropologue (ENSAV) Elle a publié « Images de Hautepierre (Strasbourg) : culture visuelle et grands ensembles », Lieux Communs n°11, Cultures visuelles de l’urbain contemporain (ENSA Nantes, 2008). Elle dirige actuellement un collection d'ouvrages sur la banlieue (collectif Horizome). Modérateur : Gilles Teissonnières, ethnologue (ENSAV / CNRS) Il a publié Ethnologie des sans-logis – Étude d’une forme de domination sociale (ouvrage collectif, L’Harmattan, 2003) ; À la croisée des chemins – Enquêtes d’ethnologie urbaine (avec Daniel Terrolle, Éditions du Croquant, sept. 2011). --- DEBAT III > jeudi 9 juin, 19hESPACES D'OCCUPATION : MUR, PERTE ET ALIENATION Projection du film MUR de Simone Bitton suivie d'un débat en présence de Vincent Jacques et Florian Hertweck. Le film MUR est une méditation cinématographique personnelle sur le conflit israélo-palestinien, proposée par une réalisatrice qui brouille les pistes de la haine en affirmant sa double culture juive et arabe. Dans une approche documentaire originale, le film longe le tracé de séparation qui éventre l’un des paysages les plus chargés d’histoire du monde, emprisonnant les uns et enfermant les autres. Sur le chantier aberrant du mur, les mots du quotidien et les chants du sacré, en hébreu et en arabe, résistent aux discours de la guerre et se fraient un chemin dans le fracas des foreuses et des bulldozers. Toute la beauté de cette terre et l’humanité de ses habitants sont offertes au spectateur comme un dernier cadeau, juste avant de disparaître derrière le Mur. Voir un extrait du film sur le site de Simone Bitton
Florian Hertweck, architecte (ENSAV) Ses recherches portent sur le rapport soutenable entre architecture, infrastructure et l'aménagement du territoire. Il a écrit Der Berliner Architekturstreit qui historicise le débat sur la reconstruction de Berlin. Vincent Jacques, philosophe (ENSAV) Ses domaines de recherche sont l'esthétique et la philosophique politique. Il s'intéresse plus particulièrement à Gilles Deleuze à propos duquel il publiera une introduction chez Ellipses (parution prévue à la rentrée 2011).