Soutenance de doctorat en histoire de l'architecture de Cédric Feriel
"Piétonniser les centres-villes (1960-1980). Etats, pouvoirs municipaux et sociétés urbaines face aux mutations des centres urbains au second XXe siècle (Europe, Etats-Unis)"
Cédric Feriel a obtenu son doctorat en Histoire, avec les félicitations à l’unanimité du jury.
L'Ecole Doctorale Sciences de l'Homme et de la Société - SHS & L'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles - LéaV Présentent l'avis de soutenance de Monsieur Cédric FERIEL en vue de l’obtention du doctorat en histoire "Piétonniser les centres-villes (1960-1980). Etats, pouvoirs municipaux et sociétés urbaines face aux mutations des centres urbains au second XXe siècle (Europe, Etats-Unis)" Membres du jury : Isabelle BACKOUCHE, Directrice d’études, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales – Rapporteur Olivier RATOUIS, Professeur des Universités, à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense – Rapporteur Gilles-Antoine LANGLOIS, Professeur des ENSA, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux – Directeur de thèse Loïc VADELORGE, Professeur des Universités, à l’Université Paris Est Marne la Vallée – Co Directeur de thèse Catherine BRUANT, Chercheuse titulaire, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles – Co Directrice de thèse Enrico CHAPEL, Professeur des ENSA, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Toulouse – Examinateur Clément ORILLARD, Maître de conférences, à l’Institut d’urbanisme de Paris - Examinateur Résumé : En matière d'aménagement urbain, les rues piétonnes ont longtemps incarné une vision passéiste et nostalgique. Largement absent des travaux sur l'évolution de la ville occidentale du second XXe siècle, ce phénomène, sans histoire et sans acteurs, n'aurait rien à apprendre des enjeux de l'aménagement des centres-villes à cette époque, sinon d'une patrimonialisation jugée évidente. Or, si on définit la piétonnisation comme une opération consistant, dans un centre urbain, à fermer un secteur à la circulation et à en réaménager entièrement les espaces publics pour le confort et loisir des seuls piétons (notamment en faisant disparaître la distinction chaussée/trottoirs), alors il n'existe aucune rue piétonne en Europe avant la Seconde Guerre mondiale. De tels aménagements n'apparaissent que vers 1960, aux États-Unis et en République fédérale d'Allemagne. Il est dès lors possible d'avancer l'hypothèse selon laquelle la piétonnisation correspondrait à une approche historiquement datée de l'aménagement urbain (1960-1970), au même titre que les grands ensembles ou les villes nouvelles, et n'aurait pas un lien évident avec la patrimonialisation. Partant de ce constat, une double ambition a fondé ce travail. La première est de combler une lacune historiographique. Alors que les secteurs piétonniers sont devenus l'une des réalités les mieux partagées de la ville européenne du second XXe siècle, leur étude constitue un angle mort de la recherche, ne permettant pas d'établir les connexions mais aussi les ruptures avec le regain d'intérêt actuel pour les espaces dédiés aux piétons dans la ville. La seconde est de nature épistémologique et cherche à contribuer au renouvellement de l'approche des processus complexes qui ont accompagné la mutation des centres anciens après 1945. Il s'agit de sortir d'une pratique historienne où l'intervention de l’État constituerait le paradigme explicatif du changement urbain et d'explorer la capacité d'initiative des acteurs locaux de l'aménagement des villes, le rôle des mobilisations sociales et l'influence des échanges transnationaux dans le changement urbain. Il s'agit aussi de déconstruire une grille de lecture qui réserverait aux marges urbaines l'innovation et aux centres le conservatisme et la patrimonialisation. Dans le contexte contraint des centres anciens, aménager la ville ne peut se suffire de solutions évidentes. Abstract Pedestrian streets have been regarded as anachronistic urban planning for a long time. Largely absent from french academic works on the evolution of western cities till the Second World War, pedestianisation has no history and is an anonymous phenomenon. It seems that nothing has to be learned from this layout, except it confirms city centers patrimonialization. But, considering pedestrianisation means closing an urban area to automobile traffic and redesigning entirely public spaces for pedestrian only (with uniform pavement), no pedestrian street is to be found in Europe before the second half of the twentieth century. This kind of layout appeared around 1960 in the United States and in Federal Republic of Germany. Our hypothesis is that pedestrianisation does belong to the 1960s-1970s urban planning and has no obvious connection with patrimonialisation. Based on this observation, this dissertation has two aims. The first one is to fill a gap in french historiography. While pedestrian areas are common in European towns, the subject remains a blind spot that prevent analysis of continuity and change with the interest for pedestrian places in present urban planning. The second deals with epistemological issues. It aims to renew the approach of city centers evolution after 1945, breaking with the paradigm of State policies as the sole driving force of urban planning and exploring, in this field, the role of local initiatives, social mobilisations and transnational exchanges. It also aims to deconstruct a mental framework in which innovation belongs to new urbanised areas, whereas city centers are to be dedicated to patrimonalization and heritage conservation. Dealing with the old urban fabric, urban planning has no obvious solution.