This mess is a place. Penser un après effondrement du système libanais à Bcharré
Diplômée : Pamela Ghraiche
Session juillet 2021
Depuis la fin de la guerre civile, l’économie du Liban repose principalement sur le secteur tertiaire au détriment des deux autres secteurs. La majorité des produits nécessaires à la population locale (dont la grande majorité de la nourriture) sont importés. La production locale est négligée voire laissée pour compte. L’actuel effondrement du système bancaire, la crise économico-energético-politico-juridico-sociale, la dévaluation de la monnaie locale, les pénuries alimentaires, de médicaments, et bientôt de carburant pointent tous vers une même direction : la fin. La fin d’un monde, d’un système. Cette crise peut avoir deux caractères ou deux visages. Elle peut faire émerger un sens du danger mais elle est aussi vecteur d’opportunité. Que nous révèle cette crise? Que reste-t-il? Quelles sont les ressources capables de construire le monde d’après? La proposition s’insère dans un village montagnard du hinterland, Bcharré.
Historiquement, c’est un milieu géophysique aux ressources et potentiels encore sous-exploités dont les particularité l’ont tenu à l’écart des grandes villes libanaises. Le programme choisi répond à la crise actuelle mais va au-delà en permettant aux différents acteurs locaux de se rencontrer, de dialoguer et de construire une vision commune pour l’avenir de ce territoire. La nécessité de coopérer et d’établir des relations permanentes fondées sur la prévisibilité et la confiance peut favoriser une série d’effets bénéfiques sur d’autres domaines de la vie civique dans la région. La proposition n’est pas un objet fini mais plutôt le générateur d’une situation de soin du territoire. La réhabilitation d’un des déchets architecturaux de la ville, le Sérail, le transforme en un bâtiment incubateur qui vise à montrer que quelque chose peut se produire à court terme, en reconnaissant qu’il ne s’agit pas de répondre à toute l’ampleur des problèmes posés par la crise. C’est un point de départ, une sorte de processus d’apprentissage qui aura un impact sur le site lui-même et enclenchera peut-être l’envie de réhabiliter et de travailler avec ce qui est déjà là : les autres déchets architecturaux. L’objectif est de proposer une nouvelle voie pour une politique territoriale plus démocratique. Il s’agit d’encourager les initiatives locales et nationales pour penser les perspectives d’avenir par le dialogue et le soin.